Altaroc - États-Unis – Europe : deux visions des retraites, une convergence possible ?

Publié le 21/05/2025 - Société de gestion
Face au défi du financement des retraites, Américains et Européens avancent sur deux routes différentes. Mais ces chemins pourraient bien finir par se croiser. Les chiffres sont éloquents. En 2024, le marché du Private Equity américain est estimé à 460 milliards de dollars, contre 150 milliards en Europe. Ce déséquilibre traduit deux philosophies : aux États-Unis, le goût du risque et l’ancrage des fonds de pension ; en Europe, une culture de prudence et une protection réglementaire renforcée.

Par Damien HELENE, rédacteur en chef chez Altaroc

Sécurité contre performance : deux modèles antagoniques

Le modèle français offre une sécurité certaine pour la retraite, mais laisse peu de marge de manœuvre pour améliorer son niveau de vie par des investissements personnels. À l’inverse, aux États-Unis, la retraite peut être considérablement renforcée via des investissements privés — au prix d'une prise de risque plus importante.
Ces différences s’observent jusque dans les choix d’épargne : tandis que l’immobilier reste la valeur refuge des Français, les Américains privilégient les fonds de pension. Pourtant, les performances parlent d'elles-mêmes : sur dix ans, l’immobilier affiche en France un rendement annuel moyen de 4,7 %, contre 13,3 % pour le Private Equity.

Le Private Equity, la locomotive des retraites américaines

Depuis la crise financière de 2008, l’attrait pour le Private Equity s’est accentué. Avec des rendements historiquement élevés, le Private Equity s’impose comme un rempart face à la volatilité des actifs traditionnels.
Cet essor est largement soutenu par un environnement favorable : l’Employee Retirement Income Security Act (ERISA) a progressivement ouvert l’accès aux investissements alternatifs, tandis que la fiscalité américaine, plus avantageuse pour les gains en capital, a renforcé l’attrait de cette classe d'actifs. En parallèle, les plans de retraite à cotisations définies ont donné aux épargnants plus de liberté dans leurs choix d’investissement.

Europe : entre prudence réglementaire et timides avancées

En Europe, et plus encore en France, les obstacles sont nombreux. Aversion au risque, réglementation stricte, exigences élevées en matière de liquidité : tout concourt à freiner l’essor du Private Equity.
La préférence pour des placements plus sûrs — obligations d'État, actions cotées — reste forte. Et les contraintes de solvabilité imposées aux fonds européens limitent leur exposition aux actifs illiquides. Résultat : la place du Private Equity dans les portefeuilles reste marginale.

Un potentiel européen en pleine éclosion

Malgré ces freins, les perspectives sont prometteuses. L’Europe multiplie les initiatives pour stimuler l’investissement alternatif, à l’image du développement des European Long-Term Investment Funds (ELTIF). En France, les réformes des retraites récentes esquissent un rapprochement avec le modèle américain, en encourageant l’épargne retraite individuelle.
Il est essentiel de sensibiliser les épargnants et les gestionnaires à l’importance des investissements de long terme, afin d’intégrer le Private Equity de façon durable et en adéquation avec les spécificités du système européen.
Si les États-Unis et l’Europe avancent à des rythmes différents, leur destination pourrait être commune : celle d’un financement des retraites où la sécurité ne se fera plus au détriment de la performance.

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