Il est donc fort probable que les banques centrales n’amorcent pas la baisse de leurs taux directeurs avant longtemps, sauf évènement systémique imprévu qui les forcerait à réagir en urgence. Le scénario du soft landing avec une inflation qui se résorberait progressivement et sans heurt semble malheureusement s’éloigner et il faut dorénavant envisager la possibilité que la contraction de l’activité mondiale soit significative.
La pause actuelle de la FED peut difficilement être interprétée comme un signe qu’elle va bientôt débuter son cycle de décrue des taux courts. La banque centrale va sans doute a minima maintenir les niveaux actuels de taux pendant de longs mois, voire procéder à quelques hausses supplémentaires. Du côté de la BCE, d’autres hausses sont à venir comme l’ont laissé entendre les membres de l’institution monétaire.
Cette persistance probable d’un contexte de taux d’intérêt élevés pourrait finir par réduire plus sévèrement qu’attendu les perspectives de croissance de part et d’autre de l’Atlantique. Les indicateurs d’activité comme les résultats d’entreprises, aujourd’hui résilients, pourraient se dégrader au-delà de ce que le marché anticipe. Dans ce cadre on peut se demander si le marché des actions n’est pas trop complaisant car il table sur des perspectives bénéficiaires sans doute trop optimistes.
Regardons les derniers chiffres publiés. Les derniers indicateurs d’activité sont pour l’instant toujours rassurants, avec des indices S&P Global US Composite PMI et Eurozone Composite PMI en mai à hauteur respectivement de 54.3 et 52.8. Mais ces niveaux sont-ils tenables avec des taux courts durablement installés au-delà des 3% dans la zone euro et des 5% aux USA ? Le secteur immobilier, la consommation, l’investissement privé et la dépense publique vont bien finir par en souffrir.
L’économie mondiale va donc probablement finir par plier sous le poids de taux d’intérêt élevés et de ce fait les estimations de bénéfices pour l’année 2023 sont sans doute un peu trop optimistes.
Par ailleurs les PER (Price Earnings Ratio) basés sur les perspectives bénéficiaires des 12 prochains mois pour l’eurostoxx 600 et le S&P 500 sont respectivement de 12.55 et 18.68. Le marché américain paraît cher dans un contexte où le 10 ans US est à 3.70%. Le cas du marché européen se défend davantage avec un PER plus raisonnable et un 10 ans allemand à 2.35%, mais encore une fois les estimations de bénéfices sur la base desquelles sont calculées ces PER sont-elles crédibles ?
L’heure est donc à la prudence. Il est difficile d’être surexposé aux marchés des actions car le directionnel ne sera pas forcément porteur dans les prochains mois. Mais en étant sélectif et en basant son approche sur le stock picking, nous pensons que l’on peut rester actif sur le marché des actions !
Achevé de rédigé le 6 juin 2023
Source des données : Bloomberg, 6 juin 2023
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